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Laure Lavorel, Chevalier de la Légion d'honneur
Retrouvez le discours prononcé à cette occasion.

24 avril 2023 Association
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Bernard Cazeneuve, ancien Premier Ministre, a remis récemment les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur à Laure Lavorel, présidente d’honneur du Cercle Montesquieu et directrice juridique internationale de Broadcom.

Cérémonie de réception de la Légion d’honneur au grade de Chevalier
 
Laure Lavorel
Le lundi 24 avril 2023 à 18 heures 30 au Tribunal de Commerce de Paris


Discours de remerciements de Laure Lavorel à Bernard Cazeneuve
 
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents
Chers Amis, Chere Famille,


Je souhaite en tout premier lieu, cher Bernard, vous remercier de votre discours et vous exprimer ma profonde gratitude d’avoir accepté de me remettre mon insigne de Chevalier. C’est un grand honneur de recevoir cette distinction de vos mains. Votre parcours d’homme d’Etat, qui fait écho dans notre famille avec celui de Jules Moch, et aujourd’hui votre grande contribution au droit positif économique comme avocat et ami du Cercle Montesquieu, nous ont permis de mieux nous connaitre et de tisser un lien sincère.


Je souhaite Cher Paul Louis vous exprimer ma sincère reconnaissance de nous recevoir ici au tribunal de commerce de Paris, juridiction chère à mon cœur.


Cette décoration et cette cérémonie magnifient mon engagement au service de la Justice de notre pays et ce lieu même en témoigne.


Au commencement de la vie sont les parents et la fratrie. Je leur rends hommage tout particulièrement pour les valeurs qu’ils m’ont données et pour cette véritable religion de l’intelligence et de la culture qui ne m’a pas quittée tout au long de mon enfance. Ces valeurs, j’ai voulu les défendre lors de chacune de mes actions, en parvenant, je crois également, à les transmettre à mes enfants.


Wandrille, Wallerand et Sixtine qui m’ont offert la plus belle des missions, celle de parent. Lorsque je jette un regard sur leur jeune parcours je pense avoir réussi à les convaincre de ce sens de l’engagement que j’ai tenté d’incarner au travers des principes de courage, d’honnêteté, de générosité et de juste combat. Je tiens à leur témoigner une profonde reconnaissance, celle de m’avoir soutenue et encouragée. Parce qu’il n’est pas chose facile pour une mère d’élever seule sa famille sans renoncer à une vie professionnelle riche et ambitieuse. Notre génération n’a pas toujours aidé les femmes à persévérer dans des choix ambitieux. Il fut une époque, pas très lointaine, où le congé maternité des avocates n’existait, pour ainsi dire, pas.
Génération Z avant l’heure, mon parcours a été guidé par l’impérieuse nécessité de ne pas attendre mon tour. Parce qu’il m’avait été enseigné que seule l’expérience fait la qualité du juriste, je me suis jeté à corps perdue dans les nouvelles technologies à l’époque où le droit de l’informatique était une matière mineure. Ce droit nouveau, qui empruntait autant à la propriété intellectuelle, qu’au droit d’auteur et au droit de la construction pour la complexité des grands ensembles contractuels, allait connaitre un véritable bouleversement avec l’avènement de l’internet. C’était bien avant l’intelligence artificielle. Une belle opportunité pour la femme pressée que j’étais alors.  
J’avais hérité de mon père le refus du conformisme et de mes grand-mères l’impérieux souci d’une créativité émancipée. Je crois que mon parcours a été inspiré par le refus d’un immobilisme dont la ville de Lyon a la solide réputation. Pour faire du droit une matière vivante il fallait s’atteler à comprendre le nouveau monde, à encadrer cette 3eme révolution industrielle, par essence sans frontière. Ce jeune droit, il fallait l’inventer ; comme ce nouveau monde. Quelle magnifique opportunité que cet univers qui s’ouvrait aux praticiens et qui m’a conduite aux Etats Unis de la côte Est à la cote Ouest, de NY à San Francisco, puis par l’accroissement de mes responsabilités au sein des groupes technologiques qui m’ont employée, en Suisse et souvent désormais dans les aéroports d’Europe et d’Asie.


Mes séjours aux confins de notre monde occidental m’ont ouvert les yeux sur la réalité de la globalisation économique et engagé mes réflexions sur l’attractivité de la France confrontée à la révolution digitale.


De ces observations est née l’inspiration de mes projets, d’abord au sein du Barreau en Entreprise, puis dans ce tribunal, au Cercle Montesquieu, et enfin auprès de Paris Place de Droit, de Passerelles Numériques, et de Droit Comme un H. 
Si l’ensemble de mes actions est commandé par la nécessité de servir le Droit c’est parce que je suis convaincue que le développement économique, la sécurisation des échanges et l’accès à la Justice vont de pair, et qu’ils constituent le ferment indispensable de la lutte contre la pauvreté et la discrimination.  


J’ai toujours considéré ces différentes organisations comme de véritables incubateurs, au cœur desquels j’ai pu expérimenter des solutions innovantes au service de nos professions. Je le dois à la bienveillance  d’hommes et de femmes qui m’ont fait confiance : Bernard Auberger, Frank Gentin, Thomas Baudesson, Denis Musson, Carol Xueref, Alexandre Menais , Christiane Ferral Shuhl, Nicolas Guérin, Anne-Sophie Lelay, Olivier Belondrade, Martial Houlle, Basile Ader, Julie Couturier, Matthieu Juglar, Jean-Philippe Gille et bien sûr à l’ensemble des administratrices et administrateurs du Cercle Montesquieu; ma présence au cœur d’actions de lutte contre les discriminations au Cambodge, au Benin, partout en Europe dans mon rôle d’Ambassadrice du Handicap chez CA Technologies, et depuis 3 ans au Cercle Montesquieu, s’inscrit dans le même objectif.

 

Mon mandat de présidente du Cercle Montesquieu qui vient de s’achever, m’a permis je l’espère d’œuvrer au rapprochement des professions juridiques et judiciaires, convaincue que je suis, par la force de l’intelligence collective, et la richesse de la diversité au sein des professions juridiques.


C’est cette grande famille du droit rassemblée autour de l’initiative des Tiers Conciliateurs, mise en place pendant la crise sanitaire par les associations de juristes d’entreprise, qui a permis au tribunal de commerce de Paris, au Barreau de Paris, et à Paris Place de Droit, de démontrer l’action solidaire des professionnels du droit au service des entreprises françaises les plus fragiles.


Je suis convaincue que la France a entamé son chemin vers la reconnaissance du droit comme une véritable arme de souveraineté sur les marchés internationaux, et comme un puissant outil de lutte contre la criminalité économique. Ma pratique qui s’inspire en partie des modèles asiatiques, anglo-saxons, hispaniques, nordiques et helvétiques, où la communauté des juristes participe à l’assainissement des pratiques commerciales, me convainc que pouvoirs publics et secteur privé peuvent s’engager dans un mouvement vertueux qui rend l’économie plus forte et permet le développement d’un système social équilibré. Je n’accepte pas que la France n’apparaisse qu’au 21 ème rang mondial dans les classements des pays vertueux en matière de lutte contre la corruption, et je me milite pour que la Justice collaborative soit la clef de voute d’une justice performante. 


Je veux maintenant revenir à cette décoration qui nous réunit aujourd'hui. Peu de femmes ou d’hommes qui exercent le droit en entreprise ont eu cet honneur. Je veux croire qu’à travers moi c’est l’action des juristes d’entreprises qui est reconnue, praticiens de terrain trop rarement célébrés en perspective de l’apport inestimable de la profession au droit positif. Dans un monde où le temps industriel, l’innovation et la communication n’est plus le temps judiciaire, mais non plus le temps du législateur, dans un moment où nous assistons au grand retour d’une forme d’économie réglementée, dans un nouvel écosystème où se mêlent droit dur et droit mou (je pense en particulier à la révolution de la RSE), la place des juristes est plus que jamais déterminante par la création de la richesse à laquelle ils participent. J’ose dire qu’ils contribuent directement à la défense de l’intérêt général de la France dans un contexte géopolitique en pleine mutation.


Mes derniers mots iront à mon compagnon, Jean-Christophe Moch, sa formidable stabilité, son immense culture, son calme a tout épreuve, soutien indéfectible depuis tant d’années et sans qui je n’aurais pas eu la force de mener à bien tous mes projets.  


Pour conclure : ces aventures successives, ces pérégrinations au cœur de systèmes juridiques variés, cette envie de participer à l’innovation juridique, ont toutes eu un point commun : défendre la place du droit économique dans notre culture nationale pour aider notre pays à maintenir l’équilibre républicain cher à Montesquieu que je ne pouvais pas ne pas citer en une telle circonstance ; n’oublions pas chers amis comme il le dit si bien que « l’amour de la démocratie est celui de l’égalité », et permettez moi d’y ajouter celui de la fraternité.


Je m’engage donc, Cher Bernard, à poursuivre ce chemin avec force, enthousiasme et détermination, que je puiserai dans le rouge de ce ruban, couleur si familière aux amoureux de la justice. Merci pour votre aimable écoute.




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